Ce travail est le plus récent, il a été réalisé avant noël sur l’autoroute en allant de Toulouse à Bordeaux.
Ces images sont dans la continuité d’un travail commencé il y a trois ans sur la thématique des « Petits voyages » .Petits instants qui nous échappent dans les préoccupations de la vie citadine ou périurbaine.
Quelque soit la raison pour laquelle nous partons, lorsque nous prenons l’autoroute pour rouler toujours plus vite, toujours plus loin sous prétexte de modernité, ne compte que l’objectif, arriver à l’heure au rendez vous, en vacances
Droit devant à 150 km à l’heure, nous regardons sans voir ou nous voyons sans regarder.
Telles les images de télévision qui défileraient dans le cadre de la portière. Nous ne voyons même plus les paysages, banalisés par la vitesse qui en gomme la beauté et les détails.
Le rappel des barrières de sécurité sont le chemin tracé, imposé, tout comme la présence du rétroviseur avec la lumière du couchant est la présence inconsciente de ce que nous laissons derrière nous dans notre fuite en avant. L’échappatoire à la réalité, la lueur lointaine de notre refoulé.
Dans notre société de loisirs où l’apologie du palmier en bord de mer sur des destinations de rêves est l’icône de référence. La marchandisation de ces rêves, la valeur matérielle et la reconnaissance sociale du voyageur font que souvent on en oublie l’essentiel.
On veut nous faire vivre des rêves, mais vivons nous encore les nôtres ?
« Instants décisifs »*, seul la photographie peut fixer des scènes de vie quotidienne, une brume matinale, des monstres d’acier soutenant des câbles survoltés, où la vitesse agit tel le pinceau du peintre sur la pellicule.
Instants de paix dans un monde industriel, polluant, bruyant, violent ?
Au fur et à mesure que la nuit tombe, notre champs de vision se rétrécie, notre perception des formes oscille entre la réalité et le rêve, métaphoriquement c’est comme si ce voyage nous amenait dans l’état de somnolence qui précède le sommeil.
Ces images qui se veulent une invitation au voyage hors des sentiers battus, deviennent peu à peu une invitation au rêve.
Je vous laisse aux vôtres.
Musique : Coco Rosie " La maison de mon rêve" " Candy Land"
*Henri Cartier Bresson